Publié le lundi 07 novembre 2022
Les petits bonheurs, les doutes et parfois les affres d’un exercice
au quotidien en pratique généraliste vus par Valérie Travert, omnipraticienne.
Les machines font désormais tellement partie de notre quotidien que l’on n’en prend conscience que lorsqu’elles tombent en panne.
Ainsi, et sauf pour ceux qui roulent dans leur Méhari vintage été comme hiver, conduire sa voiture avec l’écran interactif en panne génère un sentiment d’inconfort, comme si l’on était à moitié nu.
Cela va plus loin, et nombre de penseurs se penchent sur la question.
Dans notre univers technologique, en sommes-nous arrivés à réfléchir comme des machines ? C’est cette réflexion que je me fais devant la réaction d’un patient dans mon cabinet dentaire.
Je lui montre un écran.
Il le regarde et me dit : « Ce sont mes dents, Docteur ? ».
D’autres questions suivent, moi qui prends pourtant un soin particulier à expliquer ce que je fais avec les nouvelles technologies.
Grisés ou peut-être façonnés par nos caméras optiques, nos visualisations prothétiques à l'écran, nos Cône beam, notre CFAO, nous perdons parfois de vue que nos patients peuvent se sentir dilués dans ces systèmes performants.
Avec ce patient, je ressens soudain une sorte de vertige.
J’ai le sentiment qu’à ses yeux, je suis moi-même diluée dans la machine.
Ce qu’il me demande, je crois, c’est de faire vivre pleinement ce lien essentiel, humain, entre le patient et son praticien.
Alors oui, le numérique optimise nos tâches et facilite le travail de l'équipe.
Mais le temps de l'écoute et du soin véritable restent au cœur de notre métier.
Peut-être est-ce cela qu’il faudra apprendre aux jeunes générations : passer devant la machine, toujours.
par Valérie Travert, omnipraticienne
Chronique de fauteuil à lire en page 7 du Journal de la SOP :
Journal de la SOP n°7 2022 / « Passer devanr la machine » par Valérie Travert
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