La « Société Odontologique de Paris » s'inscrit dans une histoire, puisque ses origines remontent à la fin du XIXème siècle.
Ce qui lui confère une certaine respectabilité, mais également quelque légitimité à porter un regard critique sur les temps que nous vivons. La SOP a donc une antériorité car, plus que centenaire, elle vit le jour quand à l'instigation de Charles GODON, le 23 Mars 1884, fut fondée la Société d'Odontologie de Paris. Puis fusionnant en mars 1967, il y a maintenant cinquante ans, avec trois autres sociétés scientifiques elle devint la Société Odontologique de Paris, que vous connaissez.
Les différentes techniques de brossage / SOP ©
Le but de la SOP avait été défini dès sa création, au XIXème siècle : «Vulgariser les connaissances acquises ayant rapport à l’art dentaire ou à la science dentaire ».
Un but qui reste encore et toujours d’actualité, même si certains vocables alors utilisés peuvent sembler aujourd’hui désuets quand on se réfère à la norme Iso 1942 « Médecine dentaire-vocabulaire » voulue et obtenue par l’ADF en 2010.
Ainsi aujourd’hui, la SOP « Vulgarise les connaissances acquises ayant rapport à l’art dentaire ou à la science dentaire » ; l’organisation de journées à thème, de travaux pratiques et de formations approfondies pour omnipraticiens dans diverses spécialités, c’est par la diffusion gratuite en ligne à toute la profession du JSOP qu’elle communique sur ses programmes mais aussi se donne voix au chapitre.
Car la SOP est libre et ne peut se satisfaire, comme vous l’aurez compris, d’être simple courroie de transmission vulgarisant les données avérées de la science et diffusant leurs implications sur les pratiques. Son travail de pédagogie, même si elle l’appuie sur l’Université, passe d’abord par l’indispensable filtre de la critique et de la pratique puis le choix d’un mode galénique de communication toujours confraternel et convivial. L’esprit SOP !
La Société Odontologique de Paris, c’est aujourd’hui trois lettres car la SOP a précocement été identifiée aux trois lettres de cet acronyme que d’aucun prononcent « sop » et que d’autres traduisent Société Odontologique de Province tant il est évident que la SOP draine son public largement au-delà du bassin parisien. Son conseil d’administration s’en flatte car c’est au plus grand nombre que la SOP souhaite s’adresser et ainsi rester au contact du « terrain », de l’omnipratique.
Vue de l’extérieur nous avons pu entendre dire de la SOP qu’elle est une « belle machine », il n'en est rien : son fonctionnement n'a rien d'automatique. Elle est tout au plus un bel outil car elle repose sur des femmes et des hommes qui la font fonctionner et, association loi de 1901 oblige, sur beaucoup de bénévolat.
C’est ce qui en constitue la force mais aussi la fragilité. La force car ce volontariat est gage de liberté et d’indépendance – liberté et indépendance : deux principes qu’elle a toujours défendus pour elle tout autant que pour la profession – mais cela lui confère aussi une certaine fragilité dans une époque où plus rien n’est gratuit.
Quelques personnalités marquantes ont donné son envol à la société et ont su en maintenir le cap, tout en la modelant au cours du temps. Ainsi, sans pour autant oublier leurs prédécesseurs citons ses deux présidents d’honneur : Philippe SAFAR et Meyer FITOUSSI qui -chacun à sa manière, avec sa personnalité- ont apporté leur pierre à l’édifice pour faire évoluer notre société de la petite société pionnière de la formation continue s’adressant à une « élite » - ce qu’elle était au début des années mille neuf cent soixante-dix à la société référence de la formation continue en odontologie qu’elle est aujourd’hui.
Pour la SOP tout « progrès » est axiologiquement neutre (ni bon ni mauvais) car il échappe à la morale. Il pourra tantôt être bon, tantôt mauvais selon l’usage éthique que nous en ferons. Selon l’indication que nous poserons !
Enfin certes la SOP est dépourvue de tout pouvoir de décision ou d’influence auprès des pouvoirs publics mais, référence du domaine de la formation continue, la SOP s’est souvent fait l’écho des voix d’en bas qui se reconnaissent en ses idées. Car tour à tour elle a pu être aiguillon ou soutien. Soutien et aiguillon. La SOP s’était engagée en 1998 en faveur de la profession lorsqu’elle avait organisé cette journée de grande audience du 10 septembre qui s’intitulait : « Données acquises de la science, applications cliniques, nomenclature : un handicap quotidien » qui anticipait largement les difficultés que notre profession rencontre avec la peau de chagrin de la nomenclature.
La SOP a apporté sa contribution, en 2001, en fournissant à tous les syndicats et au conseil national de l’Ordre, l’audit financier et la matrice de calcul AFORGE Finance pour trois actes fréquemment effectués. La SOP avait, à l’époque, mis ses moyens humains et matériels au service de la profession dans une démarche de pure logique comptable, véritable démonstration mathématique de l’iniquité d’un système en bout de course. Alors, parfois la voix de la SOP a pu être mal comprise car elle a toujours eu le courage du parler vrai. Ce courage qui réside selon, Michel Foucault, dans le risque conscient que l’amitié qui autorise ce parler vrai soit alors mise en danger. Ici le lien confraternel.
Pour conclure, la SOP a une identité forte, inscrite dans son histoire, ancrée dans la profession à Paris comme en province. Souvent novatrice et inspiratrice. Société elle est lieu d'échange, de tolérance et d'expression. Odontologique elle est scientifique et à ce titre logique et rationaliste. Elle se reconnaît dans différents courants de l'ADF, celui de l'UFSBD quand elle prône prévention et dentisterie a minima, celui des syndicats quand il défendent notre métier sans esprit corporatiste et dans l'intérêt des patients, celui de l'Ordre quand il a un soucis d'éthique. Mais dans le conflit d'intérêt permanent dans lequel vit notre profession le souhait de la SOP serait que la profession n'oublie pas que si la fin justifie les moyens.
Jamais les moyens ne pourront justifier la fin.
Docteur Marc Roché,
Président de la SOP
Allocution de présentation de la SOP lors de l’Assemblée Générale de l’ADF de Novembre 2017