« SUPER-TAXE LAPIN » la nouvelle Chronique au fauteuil par Valérie Travert

« SUPER-TAXE LAPIN » la nouvelle Chronique au fauteuil par Valérie Travert

Publié le mardi 21 mai 2024

Valérie Travert

 






    CHRONIQUE DE FAUTEUIL N°18   


Super-taxe lapin


Les petits bonheurs, les doutes et parfois les affres d’un exercice
au quotidien en pratique généraliste vus par Valérie Travert, omnipraticienne.
 


Il semble que les pouvoirs publics aient décidé de gérer les « lapins » à notre place, à coups de pénalités miracles s’élevant (si j’ai bien suivi) à cinq euros pour un rendez-vous manqué.
On attend de voir si les praticiens, en pratique, vont s’amuser à signaler le nom de ces patients et dans quel but.
Parmi les spécialistes de ces « lapins », il existe d’ailleurs une catégorie très difficile, qui n’est pas celle que l’on croit.
Nous avons tous des patients VIP dans notre patientèle, du maire du village jusqu’au député voire au ministre.
Et chez certains d’entre eux, leur agenda l’emporte sur tous les autres.
Récemment, mon assistante reçoit un coup de fil de la secrétaire d’un personnage public.
Elle veut un rendez-vous en urgence pour son patron car « ses dents bougent beaucoup ».
Mon assistante rappelle gentiment qu’il a annulé plusieurs rendez-vous à la dernière minute dans les six mois précédents, et que le cabinet ferme à partir de demain pour une semaine.
Des soins d’hygiène permettront d’attendre quelques jours, explique mon assistante.
Dix minutes plus tard, nouvel appel de la secrétaire : « Il ne peut pas attendre ».
Je viens en renfort et nous réitérons l’impossibilité de le recevoir.
Alors, je reçois directement un SMS du patient himself sur mon portable.
Il me supplie de le recevoir.
Si je refuse, il ne va pas cesser de m’envoyer des messages pendant mon absence pour exprimer sa détresse. `
Finalement, j’accepte de le recevoir.
Agissant ainsi, je réponds certes aux exigences éthiques et professionnelles de mon métier. Mais la conséquence potentielle, je le sais, est qu’il me saura toujours disponible dans l’urgence.
Or, tant qu’il ne sera pas respectueux du suivi du traitement, il sera toujours au bord de la catastrophe, sans parler des problèmes de désorganisation du planning du cabinet.
Et ça n’est pas une super-taxe lapin qui changerait les choses.
 

par Valérie Travert,
omnipraticienne


Chronique de fauteuil n°7 à lire page 7 du Journal de la SOP, le JSOP n°3 mai/juin 2024  


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