Point de vue

Marc Roché (président de la SOP)

Publié le mercredi 06 novembre 2024

Un régime de surveillance administrative de notre profession coûteux et inquisitorial
Marc Roché

 

Lorsque la Cour des comptes recommande « la suppression de l’obligation de DPC  au profit de la certification périodique », comme le titrait un article du Quotidien du médecin du 26 septembre, on peut considérer que la Cour cible par son enquête l’aspect financement de la formation continue en médecine, du point de vue du payeur (1).

De notre point de vue, cet avis augure, non de la suppression du DPC, car le contrôle ira toujours plus loin, mais de l’intégration du DPC dans la certification périodique sous ce nouveau vocable. Quid alors du financement ? L’article du Quotidien rapporte ensuite qu’avant d’en arriver à cette recommandation, l’enquête de la Cour met en cause la crédibilité des formations hors-DPC, veut agir contre l’influence de l’industrie pharmaceutique et dénonce le manque d’implication de l’Ordre.

L’intérêt de l’article ne réside donc pas tant dans son contenu, banal et convenu de notre point de vue, que dans les réactions qu’il a suscitées via son courrier des lecteurs. Ceux-ci y contestent la légitimité de la Cour des comptes à parler de formation des médecins, stigmatisent la complexité du système DPC, reprochent une sur-réaction des pouvoirs publics quasi obsessionnelle vis-à-vis du lobby pharmaceutique et, surtout, soulignent l’effet destructeur du DPC sur le tissu associatif fait de structures locales qui assuraient une formation continue de proximité.

Notre point de vue de société scientifique, pour vivre la situation au quotidien, rejoint d’assez près les réactions de nos confrères médecins. La SOP a subi depuis vingt ans tous les tâtonnements de gouvernements à la vue courte. Après le CNFCO mort né, un régime de surveillance administrative de notre profession, coûteux pour le budget de l’État et quasi inquisitorial, a été mis en place avec le DPC.

Sa manne a eu pour effet de créer un marché de la formation investi par de nouveaux acteurs issus d’écoles de commerce ouvrant souvent à des parodies de formation.

De par cette absence de vue à long terme, force est de constater que le DPC, créé pour favoriser la formation continue et l’amélioration des pratiques, a aussi engendré des effets pervers catastrophiques.
À moins, bien sûr, que les cyniques qui nous gouvernent aient lu Sophocle (2) et que l’argent du DPC constitue, en réalité, un moyen de casser le fondement de nos professions en laissant préempter nos savoirs par des structures d’éthique marchande supposées plus contrôlables. 
 


 Dr Marc Roché,
Président de la SOP 

 


(1) Rapport de la Cour des comptes - La formation continue des médecins, 25 septembre 2024.

(2) « Chez les humains on n’a jamais produit d’invention plus néfaste que l’argent.
L'argent détruit les cités comme le reste… » Sophocle – Antigone.