Marc Roché (président de la SOP)
Publié le vendredi 07 mars 2025
Le zonage permettra-t-il de réduire la fracture territoriale d'inégalité d'accès aux soins ?
Depuis le 1er janvier 2025, le zonage est effectif.
Alors que les médecins restent encore farouchement opposés à tout encadrement de leur installation, notre profession adhère au zonage.
Pour les syndicats signataires, il s’agit d’une mesure qui va dans le bon sens.
Arguments ? Elle est présentée comme un nouveau moyen de freiner le développement des centres dentaires dans les zones sur-dotées ; elle offre une majoration substantielle des aides à l’installation pour les zones sous-dotées.
Pour les praticiens exerçant dans les zones sous-dotées, en particulier ceux dont l’heure de la retraite approche, l’espoir de revendre leur cabinet s’amenuise, à l’inverse des autres.
Quant aux étudiants, ils sont vent debout face à ce qu’ils jugent être une préjudiciable atteinte à la liberté d’installation.
On voit que, selon les points de vue, les perceptions divergent.
Cependant, la question que tout le monde se pose est de savoir si cette mesure permettra d’atteindre l’objectif fixé par l’Uncam de réduire « la fracture territoriale d’inégalité d’accès aux soins », et donc l’errance thérapeutique.
Vu de Paris, puisque la SOP est une société sise en notre capitale, il semble curieux de voir différencier deux zones pour une métropole si bien dotée en transports.
Mais pour les grandes villes plus généralement, et c’est là le plus important, une sur-dotation peut masquer un désert urbain.
En effet, on constate – et cela est confirmé par les demandes de formation que nos jeunes confrères sollicitent – que la faible rémunération accordée par la CCAM pour certains actes de base amène de plus en plus de praticiens à s’orienter vers des pratiques faisant l’objet de fortes demandes. Ils donnent ainsi la priorité à l’esthétique, à l’implantologie, à la parodontie ou encore à l’orthodontie « facile ».
Dans un tel écosystème : les soins d’urgence perturbent l’organisation établie ; les enfants encombrent ; les extractions sont des risques inutiles. Et l’errance thérapeutique perdure pour ceux qui, au final, ont pour seul recours des structures surchargées tels que l’hôpital, le centre médico-chirurgical municipal ou mutualiste.
Resterons-nous dans une dentisterie à deux zones ?
Marc Roché,
président de la SOP
* « Bergère ô Tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin ». Zone, Guillaume Apollinaire