Oral Radiology: Principles and Interpretation (5th edition)

Prendre un cliché radiographique lors d´un examen dentaire ou médical n´a rien de très original et l´on imagine mal aujourd´hui que l´on puisse se passer des éléments complémentaires contenus sur un simple film alors qu´il y a quelques décennies, nos prédécesseurs ne disposaient que de moyens rudimentaires et très insuffisants pour poser un diagnostic précis. Il va sans dire que le film radiographique a non seulement, permis de visualiser en direct la présence d´une pathologie et donc, le cas échéant, d´en suivre son évolution, mais il a aussi parfois aidé à en établir le diagnostic différentiel.

La radiologie est d´ailleurs devenue tellement incontournable que la technologie informatique l´a presque totalement accaparée en introduisant, grâce à ses principes de base, des images en trois dimensions permettant de déceler en quelques instants et avec une précision géographique impressionnante, le volume et la position dans l´espace d´une lésion au sein de l´organisme avant même que la main du Chirurgien n´intervienne.

On ne mesure peut-être pas réellement aujourd´hui le pas de géant qu´il nous a été permis de faire en Médecine et en Dentisterie grâce à cette découverte exceptionnelle. En 1890, aux Etats-Unis, Goodspeed & Jennings avait pris le premier film radiographique de l´histoire de l´humanité en irradiant des pièces de monnaie mais à l´époque, on avait assez peu prêté attention à cet évènement. En Décembre 1895, dans son modeste laboratoire de l´Université de Würzburg, Wilhem Konrad Roentgen prenait le premier cliché radiographique d´une main, celle de sa femme. Il adressa le film à plusieurs de ses Confrères qui restèrent médusés par cette étrange vision du corps. Dés lors, la nouvelle se répandit comme une traînée de poudre. L´invention de ce « nouveau type de photographie » avait d´ailleurs tellement stupéfait, qu´au début du XXème siècle, on avait même vu fleurir au sein des foires et des marchés, des attractions où Monsieur « tout le monde » pouvait, par simple curiosité, venir se faire radiographier la main, le pied ou le crâne moyennant quelque pièces. Cette découverte serait probablement restée dans le domaine de l´anecdotique si la Médecine ne s´y était pas intéressée. Car à l´époque où Roentgen mettait au point son invention, il n´imaginait probablement pas que ses travaux allaient radicalement bouleverser l´histoire de cette science et donner un jour naissance à un nombre impressionnant d´ouvrages sans cesse réactualisés, à des revues hautement spécialisées regorgeant de recherches toutes aussi étonnantes les unes que les autres, à l´apparition d´une spécialité médicale reconnue, y compris dans le domaine dentaire aux Etats-Unis et à la multiplication de congrès internationaux réunissant régulièrement des milliers de professionnels de la santé. Que dire aussi de ces guerres commerciales féroces que se livrent quotidiennement des entreprises spécialisées dans le domaine de la radiologie en quête perpétuelle de parts d´un marché sans cesse en voie d´expansion.

Depuis la célèbre radiographie de la main de Madame Roentgen, les recherches se poursuivent encore aujourd´hui afin de permettre une meilleure analyse et donc un meilleur suivi de l´évolution de certaines pathologies générales. La Dentisterie a pu, elle aussi, bénéficier de ce savoir et il n´est pas rare que des examens radiographiques complémentaires soient prescrits aux patients afin que le praticien puisse affiner son diagnostic ou évaluer la faisabilité d´un traitement particulier. C´est dans ce but, que Paul W.GOAZ et Stuart C.WHITE  avaient écrit en 1982, la première édition du « Oral Radiology ; Principles and Interpretation ». Peu après la publication de la troisième édition de cet ouvrage, Paul GOAZ décédait. Mais, citant J.W.von Goethe qui disait que « l´Homme ne perçoit que ce qu´il connaît déjà et comprendi », il avait pris soin de mentionner dans la préface de la dernière édition parue de son vivant : « Aucune idée de ce livre n´est la mienne » en rajoutant que tous les éléments importants de son travail dérivaient des travaux de Nolet, Coolidge, Faraday, Röntgen et bien d´autres ». Une humilité déconcertante quand on connaît la richesse inépuisable de son ouvrage. En 1999, Stuart C. WHITE, aidé de Michaël D. PHAROAH, poursuivit le travail de W. GOAZ en publiant une quatrième édition qui fut malheureusement très vite dépassée par l´avancée galopante de la technologie. Les deux auteurs se remirent donc au travail et en 2004, la cinquième édition de cet ouvrage (la plus récente) vit le jour. Celle-ci reste encore aujourd´hui un document totalement inégalé au monde dans ce domaine tant du point de vue de la richesse de la connaissance scientifique que du point de vue clinique.

Le livre est divisé en 5 grandes parties :

1. La physique des radiations ionisantes

2. Les effets biologiques des radiations

3. Protection et sécurité contre les radiations

4. Principes et techniques d´imagerie radiographique

5. Interprétation radiographique des pathologies

1- La physique des radiations ionisantes : Cette partie n´a pas beaucoup changé au cours des différentes éditions de ce manuel mais l´intérêt que les auteurs y portent n´est pas vain puisque on y trouve merveilleusement décrits, les différents types de radiations, leurs origines, le fonctionnement très détaillé de l´appareil radiographique et les effets des modifications de chacun des élément le composant.

2- Les effets biologiques des radiations : Les auteurs ont très sensiblement développé cette partie afin d´expliquer l´influence des radiations sur l´eau, sur les cellules ainsi que lors de la duplication de celles-ci, sur les différents organes (partie très bien détaillée) et sur tous les tissus de la cavité buccale (muqueuses, papilles gustatives, glandes salivaires, dents et tissu osseux).

3- Protection et sécurité contre les radiations : Cette section du livre fourmille d´éléments souvent méconnus de tout un chacun mais ô combien importants. C´est le cas par exemple de la part des radiations naturelles auxquelles nous sommes tous exposés quotidiennement par rapport à la quantité de radiations artificielles que créons. Des chiffres qui font réfléchir. Viennent ensuite les différents moyens mis à notre disposition pour réduire les radiations émises vers les patients. On trouve ensuite un excellent paragraphe sur la protection du personnel soignant contre ces mêmes radiations, élément totalement méconnu de la majeure partie d´entre nous, dont on ne parle que trop peu et qui permet de lever bien des doutes cliniques.

4- Principes et techniques d´imagerie radiographique : Cette partie de l´ouvrage a été très profondément enrichie par rapport aux éditions précédentes car les auteurs ont particulièrement développé les grands principes de l´imagerie numérique, qu´elle soit intra ou extra orale. Outre cela, on y trouve des chapitres détaillant les composants des films radiographiques, les catégories de films (leurs avantages et leurs inconvénients), l´optimisation des moyens de développement des films, une remise à plat complète des projections géométriques mises en oeuvre au cours des prises des clichés intra-oraux, les moyens de contrecarrer les problèmes de l´infection croisée, etc. Un nouveau chapitre très complet, traite des nouvelles techniques d´investigations et de leurs implications en Dentisterie : tomographie, scannographie, C.T. Scan, I.R.M, échographie etc.

5- Interprétation radiographique des pathologies : Cette section est la plus volumineuse du livre. Et pour cause : les auteurs se sont attachés à classer toutes les pathologies connues d´une façon très rigoureuse et à en détailler avec une minutie impressionnante tous les points permettant de les différentier cliniquement et radiographiquement. Tout y est méthodologiquement passé en revue : de la simple carie aux pathologies des glandes salivaires en passant par les « burn out », les différents kystes, les tumeurs bénignes, malignes, les maladies de l´os, les signes bucco-radiologiques des maladies d´ordre général, les pathologies des sinus, les anomalies de développement etc. En tout, cette seule section comprend près de 400 pages de descriptions claires, accompagnées de radiographies, de dessins et de tableaux, le tout saupoudré de nombreuses références bibliographiques. Cette section du livre a pour mérite principal d´enseigner ou de rappeler au praticien les points radiographiques spécifiques de chacune des pathologies afin qu´il soit à même de faire un diagnostic différentiel aussi précis que possible lorsqu´une lésion est découverte, parfois fortuitement.

En conclusion, WHITE, PHAROAH et tous les collaborateurs internationaux qui ont participé à l´élaboration de ce livre ont réussi le pari de poursuivre dignement les travaux de GOAZ en signant ici un ouvrage, ou plutôt faudrait-il dire une oeuvre, unique. En effet, jamais, autant d´informations sur le sujet n´avaient été concentrées dans un seul document. Jamais l´art dentaire n´avait eu à sa disposition un outil aussi complet et instructif dans un domaine, il faut bien l´avouer, souvent négligé parce que nous nous y sommes accoutumés alors qu´il constitue un champ dans lequel nous évoluons quotidiennement.

Celui ou celle qui souhaite donc améliorer très sérieusement ses connaissances sur la radiographie orale ne pourra que se satisfaire d´un tel travail. Un livre à mettre entre toutes les mains.