Les décisions absurdes II : comment les éviter

Les décisions absurdes II : comment les éviter

Editeur : Gallimard, Bibliothèque des sciences humaines
Disicpline : Autre
ISBN : 207013508X
19.5 €
288 pages

Cet ouvrage n’est pas destiné exclusivement à la médecine bucco-dentaire, mais à tous ceux qui assument des tâches difficiles aux conséquences parfois lourdes, donc aussi aux chirurgiensdentistes. Dans une première partie passionnante, l’auteur, Christian Morel, dissèque les processus qui conduisent à des décisions aberrantes, débouchant sur des accidents évitables. Il en est ainsi de « l’effet pervers de la pression hiérarchique », à l’exemple de cette infirmière qui ne dit mot lorsqu’un mandarin de la chirurgie, connu pour ses colères et son autoritarisme, laissa une compresse en fin de chirurgie. Dans un autre registre, l’auteur décrit les décisions prises par « unanimité apparente », c’est-à-dire lorsque l’unanimité semble tacite et totale dans un groupe, parce que certains ne se sont pas exprimés, soit par timidité, soit par sentiment d’infériorité hiérarchique.

« Le biais de la confirmation » est un autre phénomène qui amène les individus à ne retenir d’un discours, d’une directive, d’une décision, que les infirmations et les décisions qui confirment leur opinion.

L’auteur montre ensuite les effets pervers des recommandations trop directives et trop définies qui laissent peu de place à l’initiative personnelle, générateurs d’accidents. Cet aspect nous intéresse au premier chef, car les conduites à tenir et les protocoles que l’on voudrait parfois nous imposer avec les meilleures intentions du monde risquent parfois de nous mener à des complications. Nous ne soignons pas des pathologies, ni même des malades, mais des individus pris dans leur entité et dans leur complexité singulière et différente.

Dans une seconde partie plus positive et optimiste, Christian Morel propose des solutions concrètes. Il suggère ainsi d’appliquer « la nonpunition des erreurs », comme c’est le cas dans l’aéronautique. Si un individu fait une faute et s’il sait qu’elle ne lui sera pas reprochée, il l’exposera plus facilement et sans la minimiser. Cela permet alors d’analyser les processus de l’erreur et de mettre en place des procédures adaptées afin d’éviter de les reproduire. À l’inverse, la pénalisation des erreurs a pour conséquence d’aggraver les causes d’erreur plutôt que de les éradiquer.

Voilà un beau sujet de réflexion !

À quand une table ronde entre magistrats, juristes et professionnels de la santé ?

 

 

Philippe Milcent

( extrait du JSOP n°9 2012 )