Pathologie
Quelle conduite faut-il tenir face à un ?dème de la joue survenu à la suite d\'un coup de soufflette au-dessus de l\'entrée du canal, au cours d\'un traitement endodontique ?
L\'accident que vous évoquez s\'appelle un emphysème sous cutané (ESC) : l\'air comprimé pénètre sous pression dans le tissu celluleux péri-maxillaire à travers le foramen et tend à diffuser à distance en décollant les espaces intersticiels. Cet accident peut également se produire lors de l\'utilisation au cours des traitements canalaires de produits dégageant des gaz (eau oxygénée, peroxyde) comme solution d\'irrigation ou à l\'occasion d\'intervention de chirurgie buccale (utilisation de spray).
Le diagnostic est le plus souvent évident puisque l\'apparition est immédiatement liée au « coup de soufflette ». La distension est limitée à l\'hémiface et la palpation, parfois douloureuse, met en évidence une « crépitation neigeuse ».
Il faut toutefois savoir distinguer l\'emphysème sous-cutané d\'autres situations pathologiques :
- la réaction allergique brutale, où l\'?dème est plus diffus, sans crépitation neigeuse, avec signes cutanés et sensation de chaleur locale;
- l\'hématome, où la tuméfaction est fluctuante, colorée au niveau des muqueuses.
Conduite à tenir devant un emphysème sous-cutané :
La conduite à tenir est fonction de l\'évolution immédiate et secondaire.
Conduite immédiate
Il faut :
- laisser le patient dans la position où il se trouvait au cours des soins;
- surtout lui expliquer ce qui se passe, pour le rassurer, car ce que ressent ou voit le malade risque de l\'inquiéter ( impression de distension, limitation de l\'ouverture de l\'?il correspondant, voire otalgies et quelquefois dysphagie);
- poursuivre les soins en dehors de toutes complications locales, loco-régionales, ou générales immédiates de l\'emphysème sous-cutané.
Conduite ultérieure
Si l\'évolution est favorable (cas le plus fréquent), on assiste à une résorption spontanée de l\'emphysème en quelques jours. Cependant, il est parfois souhaitable d\'instaurer une thérapeutique et une surveillance :
- une couverture antibiotique à large spectre pendant plusieurs jours (l\'air sortant de l\'unit n\'est pas stérile) ;
- une surveillance clinique (et radiologique du médiastin) si l\'emphysème est important et s\'étend au niveau du cou ;
- les antalgiques ne sont pas nécessaire en raison du caractère habituellement indolore ;
- les anti-inflammatoires ne jouent aucun rôle sur la résorption de l\'emphysème sous-cutané ;
- l\'utilisation des corticoïdes et des antihistaminiques n\'est d\'aucune utilité.
Si l\'évolution est défavorable, en raison de la diffusion au niveau du cou et du médiastin (compression trachéale) avec troubles respiratoires :
- il faut mettre le malade en position semi-allongée, assurer une oxygénation correcte, soit par inhalation au masque, soit par ventilation artificielle ;
- il faut appeler une équipe médicale pour assurer la poursuite de la réanimation; en effet, en raison du risque de survenue d\'un embol gazeux (accident exceptionnel compliquant un emphysème sous-cutané), il est nécessaire de s\'assurer de la présence d\'une équipe médicale du fait de la gravité du tableau clinique, dominé par les signes neurologiques ( perte de conscience, convulsions ). Le traitement hospitalier très spécifique fait appel à une réanimation associée à l\'oxygénothérapie hyperbare.
Mon conseil :
N\'utilisez jamais la seringue à air pour sécher un canal ou même une cavité d\'accès, utilisez l\'aspiration avec une canule fine pour sécher la cavité d\'accès et des cônes de papier stériles pour sécher les canaux.
Pour plus d\'information, vous pouvez consulter « l\'abrégé des urgences médicales au cabinet dentaire » de R. NOTO, J.P. CAVAILLON & P. GIRARD Edition MAS