Le point sur les risques, les règles et l’état du droit dans le dossier des amalgames au mercure.
En marge des négociations du Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE) tenues à Nairobi, trois ONG françaises (1) ont relancé la polémique autour des amalgames dentaires.
Pour aider le praticien confronté aux questionnements de ses patients, nous avons délibérément utilisé la démarche qui sera développée lors la Journée de la SOP du 7 juin 2012, intitulée « Les risques, je les prends ; les règles, je les respecte ; les complications, je les gère ».
Le « syndrome subjectif »
en question
Tout acte comporte des risques : nul ne nie plus la toxicité du mercure, mais aucune étude n’a mis en évidence de corrélation entre une pathologie neurologique ou rénale et les doses inhalées ou ingérées du fait de restaurations à l’amalgame.
Tout acte impose le respect de règles traduites en recommandations.
En l’espèce :
• ne déposer que les amalgames défectueux, mais sous digue et/ou sous aspiration chirurgicale ;
• exclure la dépose systématique des amalgames ;
• éviter la pose d’amalgame chez la femme enceinte ou allaitante.
En clinique, il faudra préférer les composites dans les cas de petites cavités, même si leur durée de vie est de l’ordre de six à dix ans contre 15 à 20 ans pour les amalgames et de 30 à 40 ans pour les inlays en or de classe IV (Yves Samama, Journée de la SOP du 29 septembre 2010).
Tout acte peut entraîner des complications. Ainsi, le Dr Pascal Roux, de l’IMSE (Initiative médicale en santé et environnement), signale dans un article paru dans Le Quotidien du médecin du 24 juin 2011 que « les patients qui ressentent un syndrome subjectif (dépression, insomnie, irritabilité, fatigue, etc.) », et incriminent les amalgames dentaires, « peuvent être dirigés vers le réseau de médecins référents coordonné par l’Afssaps où des spécialistes pourront les prendre en charge ».
Une jurisprudence favorable
Enfin, il existe une jurisprudence comme le rapporte Catherine Blanc, juriste au Sou médical de la MACSF, dans un article intitulé « Le point sur les amalgames » (2). Un praticien a été mis en cause devant les juridictions civile et pénale par l’une de ses patientes qui lui imputait la survenance d’une maladie neurologique liée à la présence de « plombages » posés quelques années auparavant.
Le collège d’experts désigné par la juridiction civile estima :
• qu’il n’est pas justifié de remettre en cause l’usage des amalgames dentaires ;
• que les accusations d’induction de maladies graves n’étaient pas démontrées ;
• que le praticien avait procédé à la dépose des amalgames conformément aux règles de l’art ;
• que le fait de ne pas avoir pratiqué le retrait sous aspiration chirurgicale n’était pas établi.
Catherine Blanc note que « l’expertise exonère le praticien de toute responsabilité et conclut à l’absence de lien de causalité entre la dépose des amalgames et la pathologie développée par la victime ». Quant à l’expertise pénale, diligentée quelques années après, elle « conclut dans le même sens », à savoir :
• qu’aucun d es dosages réalisés n’a pu mettre en évidence une intoxication ;
• que les dernières études faites au niveau international n’ont pu mettre en évidence des toxicités spécifiques dues à des amalgames au mercure ;
• que la patiente présentait une pathologie dégénérative qui se traduit par une destruction progressive de certains systèmes dont la cause reste en général inconnue ;
• que la pose ou la dépose d’amalgames au mercure n’ont joué aucun rôle dans la survenance de cette maladie.
« Les conclusions de cette expertise, indique Catherine Blanc, ont permis d’obtenir une ordonnance de non-lieu en faveur du praticien mis en cause. »
par Marc Roché
(1) Réseau environnement santé (RES), Non au mercure dentaire (NAmD) et ATC toxicologie.
(2) Lien vers l’article de Catherine Blanc : « Point sur les amalgames dentaires » , rubrique Juridique & professionnel, site de la SOP.
http://www.sop.asso.fr/les-services/rubrique-juridique-professionnelle/point-sur-les-amalgames-dentaires