Les patients traités par biphosphonates
par Lofti Ben Slama.
L’OSTÉONÉCROSE DES MAXILLAIRES ressemble dans sa forme clinique à l’ostéite nécrosante postradiothérapique. La complication intervient le plus souvent à la suite d’un geste chirurgical chez les patients traités par biphosphonates injectables. Le siège est le plus souvent mandibulaire.
Symptomatologie
31,1% des ostéites sont asymptomatiques. En cas de douleur, le traitement se fait par antibiothérapie au long cours associée à des bains de bouche à la chlorhexidine. Ce traitement s’avère efficace dans environ 90% des cas.
Quatre signes permettent de déterminer l’ostéonécrose :
• l’exposition d’os nécrosé blanc jaunâtre, pouvant être associée à une exposition muqueuse, qui persiste au moins huit semaines ;
• à l’occasion du décours d’un traitement par biphosphonates ;
• l’exclusion de toute lésion osseuse développée sur une métastase sous-jacente ;
• l’absence d’antécédent de radiothérapie maxillo-mandibulaire.
Les facteurs de risque
Les facteurs de risque d’un traitement aux biphosphonates peuvent dépendre des modalités du traitement ou de pathologies sous-jacentes.
S’agissant des modalités du traitement :
• le risque augmente proportionnellement à la durée du traitement (la demi-vie de la
molécule est très longue) ;
• pour la classe pharmacologique, le risque est accru avec les amino-BP ;
• pour les formes galéniques, le risque est augmenté en cas de traitement par voie intraveineuse ;
• on constate un effet dose-dépendant.
En ce qui concerne les pathologies sous jacentes :
• l’incidence des ostéonécroses des maxillaires traitées aux biphosphonates est augmentée au cours des pathologies malignes ;
• les traitements associés (tels que la radiothérapie/ chimiothérapie) ont également un retentissement sur le remodelage osseux (cortisone, thalidomide) ;
• l’état bucco-dentaire et les soins buccodentaires sont concomitants.
Comment réduire les risques de complications
Afin de réduire les risques de complications, on peut recommander la conduite à tenir suivante :
1. Pour les patients candidats à un traitement par BP, on prévoira :
• un examen bucco-dentaire par un chirurgien-dentiste ou un stomatologue ;
• un bilan radiologique ;
• l’extraction de toutes les dents porteuses de foyers infectieux ;
• une hygiène et un maintien de toutes les prothèses dentaires qui doivent être absolument atraumatiques ;
• de débuter le traitement par BP après assainissement (120 jours) ;
• de ne pas retarder le traitement par BP.
2. Pour les patients sous BP pour pathologies malignes et sans ostéonécrose maxillaire, on prévoira :
• l’extraction des dents non conservables sans interrompre le traitement par BP ;
• de privilégier une attelle parodontale par rapport à l’extraction ;
• deprivilégier le traitement canalaire par rapport à l’extraction ;
• de ne pas recourir à la chirurgie parodontale.
3. Pour les patients sous BP pour ostéoporose ou maladie de Paget et sans ostéonécrose maxillaire,
on veillera à :
• réaliser un bilan bucco-dentaire ;
• éviter les extractions.
4. Pour les patients avec une ostéonécrose maxillaire avérée, il convient :
• de s’adresser à un service de stomatologie ;
• d’éviter tout geste chirurgical ;
• de traiter la douleur ;
• de proposer un traitement chirurgical a minima (tel que la dépose des séquestres mobiles) ;
• en cas de fracture, d’éviter les greffes et de préconiser un fixateur externe ;
• d’informer le médecin prescripteur.
Tout effet indésirable doit nécessairement être signalé à l’Afssaps .
Conférencier : Lofti Ben Slama
Sujet : Les patients traités par biphosphonates
CR Journée "Patients à risque" SOP 11 mars 2010 - publiée page 44 du JSOP / n°7 / septembre 2010