L’apport de l’implantologie en prothèse composite
par Philippe Monsenego
Les implants et la PAP peuvent être associés. Trois objectifs à cela : rendre la PAP plus fonctionnelle, plus esthétique et améliorer sa biocompatibilité. Le praticien doit être à l’écoute de la demande du patient et proposer un traitement qui prévoit des solutions pour l’avenir.
Par exemple, dans le cas fréquemment rencontré de syndrome composé qui associe une prothèse complète maxillaire et quatre dents restantes dans le secteur incisivo-canin mandibulaire, la seule motivation du patient est de conserver ses quatre incisives mandibulaires. La mise en place de quatre implants dans les secteurs latéraux va permettre de prolonger leur maintien sur l’arcade en prévoyant une restauration implantoportée fixée lorsque ces dernières dents seront perdues.
Dans les cas d’édentements de classe I et II de Kennedy, l’ajout d’implants va permettre de créer des appuis postérieurs afin de s’affranchir des problèmes liés à la différence de dépressibilité tissulaire et de rétablir le quadrilatère d’équilibre en plaçant les crochets plus postérieurement ou des attachements infrasellaires.
Les implants peuvent recevoir cinq solutions prothétiques différentes parmi lesquelles nous aurons à choisir en fonction du cas clinique : les attachements axiaux de type boule pour lesquels il faut disposer de 7 mm de hauteur au minimum, les attachements de type Locator® qui tolèrent jusqu’à 20° de divergence et nécessitent environ 3,2 mm de hauteur interar-cade, les barres de conjonction, les couronnes fraisées et la simple coiffe de cicatrisation.
Quelle que soit l’option retenue, il ne faudra pas déroger aux principes d’équilibre prothétique, mais soulager les implants en répartissant la sustentation sur les dents restantes et les surfaces d’appuis. Le dernier cas présenté a été suivi depuis 1985.
Il illustre :
• la conservation à 14 ans d’un faible nombre de dents restantes par la prothèse composite associant des couronnes fraisées jumelées sur 36-37 et 46-47 à une PAP remplaçant neuf dents manquantes (33 et 34 saines) ;
• le rééquilibrage de la PAP en 1999 à l’aide de deux implants antérieurs assurant la sustentation ;
• une réhabilitation fixe sur implant qui permet d’affirmer que grâce aux implants, désormais, la PAP est peut-être devenue le contraire de l’antichambre de la prothèse complète !
Les points clefs :
Les implants permettent de considérablement améliorer nos PAP par leur capacité à :
1. Résoudre le problème de différence de dépressibilité tissulaire en évitant un édentement postérieur libre
2. Rétablir le quadrilatère d’équilibre
3. Symétriser les appuis et les rétentions
4. Améliorer la biocompatibilité notamment en maîtrisant la sustentation
5. Améliorer l’esthétique en évitant les crochets ou en les distalant
Légende des photographies :
1. Trois implants sont placés en position de 34, 44 (les attachements axiaux de type boule assurent la rétention) et 41 (la coiffe de cicatrisation assure la sustentation).
2. Les crochets ont été conservés après le port de la prothèse et ont été éliminés après mise en fonction des parties femelles dans l’intrados prothétique.
3. Après 14 ans de port d’une PAP supportée par des couronnes fraisées, la pose de deux implants améliore les conditions d’équilibre de la prothèse.
4. Dans un deuxième temps, les implants permettent de tendre vers une restauration fixée implantoportée de l’arcade mandibulaire.