Comprendre le traumatisme
par Chantal Naulin-Ifi
Actuellement, 5 % des traumas corporels sont d’ordre dentaire et, dans 90 % des cas, les dents sont concernées : pour les deux tiers d’entre eux, il s’agit des incisives maxillaires. Les fractures coronaires sans exposition pulpaire représentent 60 % des cas, contre 0,3 % à 5 % de cas de fractures radiculaires.
La prévalence du traumatisme dentaire augmente jusqu’à l’âge de 12 ans. Elle représente 30 % des patients en denture temporaire et 20 % en denture permanente.
On distingue six types de traumatisme, du plus simple au plus complexe : concussion, subluxation, extrusion, luxation latérale, expulsion et intrusion. À ceux-ci peuvent être associés des fractures coronaires avec ou sans exposition pulpaire ainsi que des fractures radiculaires ou coronoradiculaires. Ainsi, 54 scenarii sont envisageables. Il est donc indispensable de comprendre les mécanismes mis en jeu (de rupture ou de compression) au sein des tissus pulpaires et parodontaux, afin d’adapter la meilleure prise en charge et de réduire au minimum la perte de chance pour le patient.
Feiglin, en 1996, a distingué les facteurs antérieurs aux traumatismes (anatomie dentaire, stade d’édification radiculaire, occlusion, puits et fissures, finesse et degré de résilience des tissus mous) des facteurs qui leur sont consécutifs (délai de prise en charge, milieu de conservation de la dent expulsée ou du fragment, protection des tissus pulpaires, repositionnement et contention, ainsi que suivi).
Au niveau pulpaire, trois situations sont possibles en fonction du trauma et du développement radiculaire : revascularisation à quatre jours, oblitération pulpaire par formation de dentine réactionnelle ou nécrose (suivie d’une atteinte du péri-apex ou encore d’une résorption externe ou interne). Au niveau desmodontal, après un repositionnement rapide physiologique en cas d’expulsion, on observe une réparation en deux semaines.
Les facteurs influençant cette réponse ligamentaire sont : l’importance du traumatisme, le délai et la force de repositionnement, le type de contention, le milieu de conservation et une antibiothérapie en cas d’expulsion et de repositionnement.
Légendes des 4 illustrations :
Numéro 1 : Ischémie pulpaire consécutive à un traumatisme avec fracture osseuse, et/ou une rupture du paquet vasculonerveux, et compression du parodonte.
Numéro 2 : Luxation et son cortège de symptômes :
1. Fracture alvéolaire ;
2. Rupture du paquet vasculo-nerveux ;
3. Compression du ligament parodontal ;
4. Rupture du ligament parodontal
Numéro 3 : Intrusion et son cortège de symptômes :
1. Rupture du paquet vasculo-nerveux ;
2. Dilacération ou écrasement du ligament parodontal ;
3. Pas de saignement marginal ;
4. Écrasement de l’os alvéolaire.
Numéro 4 : Expulsion et son cortège de symptômes :
1. Rupture du paquet vasculo-nerveux ;
2. Rupture du ligament parodontal ;
3. Exposition radiculaire.