Les intrusions
par Michèle Muller-Bolla
Lorsque l’examen clinique révèle une dent partiellement visible, il peut s’agir d’une intrusion. La prise de clichés rétroalvéolaires nous permet de faire le diagnostic différentiel avec une fracture coronaire (intrusion partielle) ou une expulsion (intrusion totale). Le mordu occlusal objective la disparition du ligament alvéolo-dentaire sur la totalité ou une partie de la racine, inhérente à l’intrusion. Le test complémentaire de percussion donne un son métallique sur la dent intruse à différencier du son sourd de la dent en cours d’éruption. Le test de sensibilité thermique est négatif, sauf si le déplacement est minime. Il existe trois solutions thérapeutiques à sélectionner en fonction de la maturité de la dent et de la sévérité de l’intrusion.
1. Attendre la rééruption spontanée dans les cas de déplacements inférieurs à 7 mm des dents immatures et inférieurs à 3 mm des dents matures. La dent retrouve sa position initiale après une durée moyenne de six mois (de 2 à 13 mois dans 95 % des cas). Sa vitalité pulpaire est contrôlée (six semaines, six mois, un an). Si la dent ne se déplace pas au bout de quelques semaines ou si le déplacement initial lié au traumatisme est plus important, les autres solutions sont envisagées.
2. La traction orthodontique est indiquée en l’absence de déplacement de la dent quatre semaines après l’accident ou en présence de déplacements initiaux plus sévères (de 3 à 7 mm des dents matures et supérieurs à 7 mm pour les dents immatures). Une contention métallique est fixée par des plots de composite sur les deux dents de part et d’autre de la dent intruse tractée pendant quatre semaines grâce à une attache et à un élastique orthodontique. Un contrôle à 10 jours permet d’objectiver le déplacement de la dent intruse, synonyme de succès de cette solution, et d’initier son traitement pulpaire si elle est mature. Dans les autres cas, la sensibilité pulpaire est contrôlée (six semaines, six mois, un an).
3. La traction chirurgicale est envisagée en cas d’échec de la traction orthodontique ou de déplacement initial important (supérieur à 7 mm) de la dent mature. La dent doit être délicatement remise en place. Le traitement pulpaire est effectué pendant la période de contention de quatre à huit semaines.
Les complications sont d’autant plus fréquentes que le déplacement a été important et qu’il y a d’autres types de traumatismes intéressant la dent mature.
Légendes des 4 illustrations :
Numéro 1 : Démarche diagnostique.
Numéro 2 : Éruption spontanée.
Numéro 3 : Traction orthodontique.
Numéro 4 : Traction chirurgicale.